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La Corse est une terre de culture orale ancestrale ou la musique tient une place centrale. Qui n’a pas entendu de chant corse ne connaît pas la Corse ! Nous vient à l’oreille le son des Polyphonies, ces complaintes a capella qui ont fait le tour du monde. Pourtant l’âme de l'île vibre aussi dans la musique instrumentale, au son des guitares traditionnelles ou des instruments à vent typiques. Passerelle entre les générations, la musique corse se réinvente sans cesse, mais son intensité et sa puissance nostalgique restent les mêmes. Il ne vous reste qu’à l’écouter…
Le chant polyphonique
Aux origines immémoriales de la musique corse se trouve le chant. Il est probable que les bergers et cultivateurs corses aient toujours chanté, même si la première influence repérable dans l’histoire est celle des chants grégoriens. La tradition du chant corse est avant tout polyphonique et a capella.
Ces chants qui réunissent ressemblent à du théâtre. On se défie lors de joutes verbales improvisées, les “chjami e rispondi “. Les participants doivent à la fois briller par leur voix, leur capacité d’improvisation et la profondeur de leur message. Combat et chant s’arrêtent lorsqu'il n’y a plus rien à dire.
Ils prennent aussi la forme des "paghjella", ces chants traditionnels si connus qu’ils sont à présent classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO ! La paghjella se chante à trois, avec un geste typique qui consiste à se tenir l'oreille pour entendre son chant. Elle est conçue pour dégager une émotion pure, celle des voix humaines qui s'élèvent et se mêlent, sans artifice. Les chanteurs s'expriment dans un ordre qui dépend de leur tessiture. La voix principale donne le ton, soutenue par la seconde alors que la troisième enrichit le motif initial. À l’écoute, on entend une seule et même voix, avec des modulations qui touchent au plus profond.
Lamentu, Madricale et Terzettu, constituent d’autres formes polyphoniques. On y chante l’exil, l’amour de la terre et de l’être aimé. Tous ces chants structurent la vie, en célébrant ses moments les plus intenses, dans le bonheur ou le malheur. À partir du XXème siècle, ils ont perdu de leur importance, mais les années 1970 les ont remis au goût du jour et depuis, leur influence est solide.
Les groupes actuels les plus connus connaissent un rayonnement international. I Muvrini ou Canta u Populu Corsu, Diana di L’Alba, et bien d’autres, ont porté les voix corses bien au-delà de la Méditerranée. Les chants traditionnels sont au goût du jour, repris par des artistes de variété ou inspirant des morceaux nostalgiques à des groupes corses contemporains. Qui n’a pas entendu le “Corsica” de Petru Guelfucci, repris par Patrick Bruel et Patrick Fiori ? Emblématique, le morceau “Sintineddi” de Canta u Populu Corsu, qui chante l’émotion ressentie devant les statues préhistoriques de Filitosa…
La musique instrumentale
Mais la musique corse ne se réduit pas au chant. L’île possède une culture instrumentale très riche. On ne sait pas à quand remonte la fabrique des premiers instruments faits de roseau, de bois, de corne ou d’os, mais les multiples invasions que la Corse a connues ont sans doute influencé cette pratique artisanale. Les chants s’accompagnent d’instruments directement issus de la tradition agro-pastorale ; les flûtes de berger pivana et pirula, en roseau et en corne, ont un rôle majeur. On entend aussi la ciaramella, sorte de hautbois, la cetera, venue d’Italie, la riberbula ou guimbarde, ainsi que des triangles, percussions et violons. Comme pour le chant traditionnel, l'intérêt pour ces instruments a considérablement faibli au XXème siècle, jusqu’à quasiment disparaître.
La guitare a éclipsé le cetera, les flûtes se sont tues. L’après-guerre est l’âge d’or de la guitare corse, qui célèbre d’abord, accompagnée par la mandoline, la fête et l’insouciance, avant de se faire plus sombre et nostalgique avec les revendications identitaires à partir des années 1970. C’est le moment du riacquistu, ce mouvement de réappropriation culturelle où les Corses ont retrouvé l’amour de leurs instruments et de leur musique traditionnelle. Aujourd'hui, l’énergie musicale circule partout dans l’île, irriguant aussi l’artisanat. Les luthiers corses sont réputés et les formations musicales amateurs ou professionnelles s’expriment partout dans l’île.
La musique vivante
Parmi les “jeunes” groupes corses qui revendiquent fièrement leur identité et revisitent la tradition, il faut compter la formation Voce Ventu, 13 chanteurs et musiciens qui mêlent expression identitaire contemporaine et sonorités traditionnelles. Le groupe Vitalba fait aussi revivre les polyphonies traditionnelles tout en chantant ses propres créations. Arapa ou les filles de L’Altéa font également partie de cette nouvelle scène corse que l’on peut retrouver en concert régulièrement sur l'île. Car la musique corse est avant tout vivante, et rien ne vaut de la vivre en plein air, l’été. Renseignez-vous sur les concerts organisés partout dans les églises, les festivals et les auberges et laissez-vous guider par le bouche-à-oreille. Là où il y a un Corse, la musique n’est jamais loin !