Artisanat Corse

Découvrez l’histoire de la Corse avec Air Corsica de la préhistoire à aujourd’hui pour mieux comprendre l’évolution du paysage de l’île.

Pipes, paniers, couteaux, poteries, coffres de bois… tous ces objets issus des matériaux locaux ont fait partie du quotidien des Corses pendant des siècles, mais l’artisanat corse a connu un bouleversement important au XXème siècle. Entre la Grande Guerre mondiale, à laquelle l’île a payé un lourd tribut humain, et la généralisation des objets manufacturés, il avait perdu sa place centrale dans la culture corse. Depuis quelques années, on assiste à un fort renouveau de l'intérêt pour ces savoirs ancestraux et la Corse s’est même dotée de circuits où l’on peut coupler visite de villages et rencontre avec des artisans locaux.

Bois et terre

Île de forêts et de montagnards, la Corse a toujours travaillé le bois. Des chênes et châtaigniers sont nés des coffres, lits ou pétrins qui peuplaient l’habitat traditionnel. À partir de l’époque génoise, on trouve des meubles plus sophistiqués, tels que des coffres en noyer, sertis de pièces de ferronnerie. On réalisait aussi dans l’île les éléments du mobilier religieux, boiseries, lambris ou meubles de sacristie. Des arbustes délicats du maquis, les artisans ont réussi à faire des merveilles. À partir du XIXème siècle, on sculpte des pipes en bruyère. Les luthiers ont aussi fait chanter le bois, en fabriquant des instruments de musique :  clavecins et guitares traditionnelles, mais aussi des instruments à vent, en roseau, bois, ou corne.

Aujourd’hui, de jeunes artisans se réapproprient ces savoirs. Certains restaurent des meubles anciens, parfois religieux, d'autres inventent des objets en conjuguant créativité et techniques anciennes. Un ébéniste de Fozzano, en Corse-du-Sud, qui conçoit aussi des stylos de bruyère, a même imaginé des tuyaux de pipes en asphodèle du maquis. En Haute-Corse, la région de Castagniccia est réputée pour ses ateliers d'ébénistes, qui recréent à l’identique ou revisitent des meubles traditionnels.

Il fallait aussi modeler la terre. Les premières poteries corses ont été trouvées sous des tafonis, qui servaient d’habitats aux hommes du Néolithique. Par la suite, le travail de la céramique et du grès a pris de l’importance et les Corses ont appris à maîtriser l’alchimie des oxydes et de la cuisson. Actuellement, plusieurs ateliers de potiers céramistes créatifs et audacieux ont vu le jour sur l’île. On peut leur rendre visite directement, et les écouter parler de leur passion, mais ils disposent aussi généralement de sites internet où l’on peut passer commande. Vase, plats, assiettes, pichets, brûle-parfum… les pièces de l’art de la table peuvent même contenir des cendres d’arbres et de plantes locales.

Beauté et bien-être

Qui visite la Corse ne peut que rêver d’emporter avec lui les odeurs voluptueuses du maquis. L’artisanat corse actuel travaille beaucoup à transformer ses trésors végétaux en objets de bien-être. À partir de l’immortelle ou de la myrte, de l’olivier, du genévrier ou du romarin, naissent savons, bougies, huiles essentielles, produits de beauté, de plus en plus demandés.

Vous séjournez sur le littoral et souhaitez rapporter un bijou en corail ? Travailler les coraux en parure fait partie des traditions artisanales de l’île et le corail rouge de Méditerranée que l’on trouve en Corse possède une densité incomparable. Sachez cependant que la pêche aux coraux est extrêmement réglementée en raison de la croissance très lente de l’espèce. Si vous voulez porter avec vous un peu des fonds marins de l’île de Beauté, adressez-vous à un artisan bijoutier qui respecte la charte environnementale.

Autre bijou répandu en Corse, l’œil de Sainte-Lucie, souvent sous forme de pendentif destiné à chasser le mauvais œil, l’ochju. On le fabrique traditionnellement à partir de coquillages ramassés sur les plages. Là encore, méfiez-vous des articles d'importation de mauvaise qualité.

Terre de couteaux

S’il est un objet d’artisanat qui symbolise la Corse et qu’il faut rapporter de son voyage, c’est bien le couteau. On connaît surtout le Curnicciolu, littéralement “petite corne”, mais l’histoire de la coutellerie corse est particulièrement riche. Jusqu’au XIXème siècle, le couteau était davantage qu’un outil de base, un compagnon pour les cultivateurs-éleveurs qu’étaient les Corses. Il était généralement fait de corne, d’où son nom, plus rarement en bois. Chacun pouvait fabriquer le couteau avec lequel il allait vivre, travailler et manger. À 10 ans, les garçons rejoignaient l'âge adulte en possédant leur premier couteau. Lames fines et droite pour saigner, ventrues pour dépecer… L'outil s’est adapté aux tâches et aux régions. Les lames recourbées servaient à confectionner les vanneries en montagne, ou à ravauder les filets sur la côte. On guillochait les lames plus ou moins profondes pour greffer des arbres, limer du bois ou écailler le poisson.

L’image de la Corse est aussi liée à cet outil associé à la Vendetta dans la littérature, le stylet. Forgé d’une seule pièce, il portait l’estocade lors des chasses au gros gibier et a fini par devenir une pièce de mode au XIXème, pour ceux qui voulaient se donner un genre “bandit corse” !

Au XXème siècle, ces traditions ont plus ou moins disparu, et le couteau corse a eu fort à faire avec les importations fabriquées industriellement qui ont inondé les marchés locaux. Depuis une trentaine d’années, on assiste cependant à un renouveau de cet artisanat d’art. Les couteliers corses proposent maintenant de sublimes pièces d’acier aux manches ouvragés faits de bois du maquis. Elles sont uniques, garanties à vie et signées, donc forcément onéreuses. Mais s’en offrir un, c’est s’accompagner à vie d’un morceau de tradition corse.