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- De la préhistoire à l’Antiquité
- Le Moyen-Âge
- La période génoise
- La Corse indépendante
- La Corse française
- Entre développement touristique et tensions identitaires
La Corse actuelle, ouverte sur la mer et destination touristique majeure, est une configuration récente dans le parcours de l’île. Mouvementée, guerrière, l’histoire de la Corse raconte un territoire d’abord vulnérable, qui a construit son identité en se défendant du monde extérieur. Ses premiers occupants, il y a plus de 6 000 ans, cédèrent ensuite leur place à une succession de colons qui se disputèrent violemment ce bijou de la mer Méditerranée jusqu’à l’époque moderne. Mais si la Corse fut sans cesse occupée, elle ne cessa jamais de revendiquer des traditions et une culture propres. Retour sur une histoire riche et complexe.
De la préhistoire à l’Antiquité
Les premiers Corses furent sans doute des hommes du Néolithique ancien alors que le territoire était encore rattaché au continent. On retrouve des traces de peuplement datant du VIIème siècle avant notre ère dans de nombreux sites mégalithiques qui font la fierté de la Corse. Les os de la “Dame de Bonifacio”, squelette daté à 6 750 ans av. J.-C., ravissent ainsi les visiteurs du musée de l'Alta Rocca, à Levie. Non loin de là, à Cucuruzzu et Capula, Cauria et évidemment Filitosa, vous pouvez admirer les restes de cet habitat préhistorique. On peut notamment y voir les fameux menhirs anthropomorphes, ces guerriers de pierre apparus à l'Âge de Bronze.
Dans l’Antiquité, la position stratégique de l’île en Méditerranée en fit un enjeu majeur. Vers 565 avant Jésus-Christ, les Phocéens fondèrent Alalia, premier centre urbain et comptoir de commerce sur l’île qu’ils nommaient Cyrnos. Sensibles à ses attraits, ils chantèrent les louanges de Kallisté, l'île de Beauté, mais durent l’abandonner, vaincus par les Étrusques et les Carthaginois. Rome convoita rapidement cette position. Pour dominer la Méditerranée, l’Empire romain devait se faire marin et conquérir Corsica, son nom latin. Mais prendre ce territoire escarpé, aux habitants sauvages, n’était pas une mince affaire et demanda rien moins que 10 expéditions militaires… 100 ans avant Jésus Christ, Mariana, près de la Bastia actuelle, fut fondée et Alalia devint Aléria. Province romaine, Corsica est domptée et son peuple résistant réduit en esclavage. À Aléria on peut encore voir des ruines importantes de l’époque romaine comprenant les restes de la ville, la villa et la nécropole.
À partir du IIIème siècle, l’île, toujours romaine, se christianise. Elle compte alors 5 évêchés, Ajaccio, Aléria, Mariana, Nebbio et Sagone.
Le Moyen-Âge
Avec la chute de l’Empire romain et l’arrivée du Moyen-Âge, c’est le retour d’une ère mouvementée. Du Vème au XIème siècle, incursions et attaques violentes se succèdent. Les Vandales dominent d’abord l’île pendant un siècle, puis les pirates Maures et Ostrogoths prennent les côtes. Byzantins, Lombards et Francs se disputent aussi le territoire. La population n’a d’autre choix que de se replier dans les terres. Si vous cherchez l’origine de la tête de Maure figurant sur le drapeau corse, l’image fait référence à une sanglante coutume corse datant de cette époque qui voulait qu’on expose les têtes des Maures décapités sur une pique comme un trophée…
Ce n’est qu’au XIème siècle que la Papauté remet la main sur la Corse. En 1077, Grégoire VII donne l’administration de l’île à l’évêque de Pise. Les évêchés sont reconstruits, couvents et églises se multiplient. On peut encore admirer des joyaux datant de cette époque, telle l’église Saint-Michel de Murato en Balagne. Les Pisans découpent le territoire en 90 entités administratives ou “pieve”, qui structureront longtemps la Corse. Mais le pape Innocent II fait entrer les Génois dans la place en leur confiant la moitié des évêchés. Gênes convoite l’intégralité de l’île et réussit à la conquérir en 1285.
La période génoise
C’est le début de l’occupation génoise qui durera 5 siècles et laissera une marque profonde sur le territoire. Les Génois investissent le littoral, construisant un réseau de tours et de fortifications efficace pour lutter contre les pirates barbaresques, toujours actifs en Méditerranée. Ils équipent l’intérieur des terres de ponts et de moulins, que l’on rencontre encore aux détours des chemins de randonnée… Des villes importantes, futurs centres touristiques majeurs, sont créées sur la côte. Bastia, Saint-Florent, Porto-Vecchio, Calvi, et Ajaccio conservent les traces visibles de cette époque qui les a vues naître.
Mais, le cœur de l’île n’appartient pas à Gênes et beaucoup rêvent d’indépendance… La révolte gronde. À partir de 1729, les épisodes de rébellion de la part des autochtones se succèdent. Sampiero Corso n’est pas loin d’y réussir, mais le traité de Cateau-Cambrésis remet la Corse sous le joug génois.
La Corse indépendante
Il faut attendre 1755 pour que Pasquale Paoli proclame l’indépendance corse et en fasse une république dotée d’une constitution autonome. Cela durera 14 ans. En parallèle, Gênes se voit obligée de céder la Corse aux Français par le Traité de Versailles en 1768. La Corse devient française. Certains diront vendue… Paoli n’a d’autre choix que de livrer bataille au Roi de France. Défait à Ponte Novu en 1769, l’année de naissance de Napoléon Bonaparte, il est contraint à l’exil et part en Angleterre. Après la Révolution, il tentera à nouveau de faire de la Corse une île indépendante, rattachée à la couronne anglaise. Le royaume anglo-corse ne vivra pas longtemps… Par une de ses pirouettes dont l’histoire a le secret, le jeune général Bonaparte contribua à chasser les Anglais de son île…
La Corse française
À partir du XIXème siècle, la Corse entre dans une ère plus calme. L’île se peuple et se développe, même si elle reste majoritairement rurale. La première, puis la Seconde Guerre mondiale portent cependant un rude coup à la population. En 1914-1918, la Corse perd 12 000 hommes et son économie, peu industrialisée, ne s’en relève pas. C’est le début d’un processus d’exil qui touchera de nombreuses familles. Amérique, France continentale et ses colonies d’Afrique du Nord seront leur destination.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Corse n’est pas épargnée. Bombardée, envahie par les Italiens au mépris de l’accord d’armistice, elle résiste encore. De nombreux Corses, littéralement, prennent le maquis. En 1943, l’île est le premier département français libéré. Pour en apprendre plus sur cette période, rendez-vous au musée de la Résistance de l’Alta Rocca, à Zonza.
Entre développement touristique et tensions identitaires
À partir des années 1970, la Corse connaît un phénomène nouveau : l’île montagneuse et agricole devient le paradis des vacanciers, qui plébiscitent les plages sauvages de son littoral. C’est le début du développement touristique, qui représente maintenant 30% de l’économie de l’île. Pionnière dans la protection de son patrimoine naturel, la Corse réussit à préserver ses côtes de la bétonisation. Elle s’attache aussi à sauvegarder son patrimoine historique, avec la restauration de nombreux monuments et la création de musées emblématiques, tel que le Musée de la Corse à Corte.
Mais les revendications identitaires ne se taisent pas et les mouvements indépendantistes entament une danse, parfois mortelle, avec l’État français. L'île obtient des concessions, parmi lesquelles le statut de Collectivité territoriale, mais la sensibilité “patriotique”, qu’elle soit autonomiste ou nationaliste, reste forte.